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L'association Gamelles pleines a imaginé cette manifestation, dimanche, au Village de la Cotonnière, lieu d'hébergement de SDF en insertion. Trente chiens ont été examinés.
L'initiative
Une animation inhabituelle rythme le Village de la Cotonnière, ce dimanche. Ce lieu héberge des SDF en insertion dans des chalets. Les chiens, fidèles et proches compagnons d'hommes et de femmes à la rue, sont les invités du jour. Consultations vétérinaires, vaccination, identification, admission de vermifuge, d'anti-puces, conseils en éducation canine... « C'est un peu à la carte, pour des tarifs symboliques », précise Yohann Sevère, à la tête de l'association Gamelles pleines, initiateur et en partie financeur de ce premier « Printemps des chiens de la rue ».
La liste compte trente-trois inscrits, « dont cinq maîtres résidant ici », ajoute Nathalie Charles, directrice du Village de la Cotonnière, structure d'Adoma. Dans une salle, quatre vétérinaires, équipés d'une blouse et d'un stéthoscope, examinent ces animaux « plutôt en bonne santé. Globalement, ils sont en règle, bien suivis par leurs maîtres ». Une habitude chez les gens de la rue qui préfèrent se priver pour nourrir et soigner leur chien. « Ils n'ont pas vraiment de problèmes de comportement », affirme un spécialiste, Pascal Tréhorel, éducateur canin référencé à la préfecture. « Vous allez vous promener sur la digue de Lion-sur-Mer, ça s'accroche beaucoup plus... », lance une vétérinaire.
« Vacciner le petit dernier »
Greg, 30 ans, est entouré de Thaï, 8 ans et demi, sa fille Léa, 7 ans, et Loky, 7 mois et demi. Tenus en laisse, ils ne bronchent pas. « Je suis surtout venu faire vacciner le petit dernier. » Originaire de la région parisienne, Greg vit dans son camion : « Je gère. » L'hiver, il remonte du sud, où il fait « les saisons », pour passer l'hiver à Caen. Dans un squat sur la presqu'île, en communauté.
Avec lui, Nanas, une brune de 23 ans originaire de Reims, « à la rue depuis six ans ». Elle aussi se débrouille. Elle a amené Lintcha, 6 ans, et son fiston, Paupiette, 4 ans. Deux grands gaillards à quatre pattes. « Ils avaient besoin de vermifuge et d'anti-puces. Mais sinon, ils sont en règle depuis un moment. »
Les animaux se croisent, jouent, s'allongent dans l'herbe. Là, pas de regards en chien de faïence. « Ils sont habitués en meute », explique Nanas. En attendant de repartir cueillir tomates et fraises en Espagne, vendanger dans le sud, elle, Greg et les autres vivent ensemble. Les Caennais les croisent près du théâtre, du Mc Do ou au château. Parfois, les passants détournent le regard à la vue de leurs piercings, tatouages, tenues vestimentaires originales, de leurs chiens... « On est là, c'est tout. On ne fait rien de mal », lâche Greg, en haussant les épaules.
Quelles que soient ses actions, Gamelles pleines vise à « aider le maître par l'animal. Un chien, pour un SDF, c'est un membre de sa famille. Ce genre de manifestation est une excuse pour créer un lien. Ça se fait simplement. Et ce qui est fait ne sera pas à refaire l'an prochain ».
À Caen, cinquante chiens, « dont les maîtres se trouvent dans une situation précaire », avaient préalablement été identifiés à la Boussole, lieu d'accueil de jour des sans-abri.
Nathalie HAMON. Ouest-France .